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15/07/2009

Editorial : Entreprendre en France : par défaut ! par défi !

La France est dirigée par des Juristes (le Président, le Premier Ministre, les Ministres de l’Economie, de l’Ecologie, de la Relance, de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense…) la VIème République est parfois annoncée, mais la IIIème République, celle des Avocats, semble de retour d’autant plus que le Président s’exprime à nouveau devant le Congrès.
Du fait de l’ordre mondial à renforcer, des directives européennes à digérer, de la mono-culture hexagonale bien ancrée, tout concourt à plus de codes, à plus de normes ; une société française, encore plus encadrée, plus régulée, plus judiciarisée, se profile.
Le Droit règne donc, sans partage, mais quant à l’Economie, le bât blesse tant au sommet qu’à la base.
Comme l’a pointé Lionel Stoléru, l’Elysée bénéficie d’un conseiller social (Raymond Soubie) et d’un conseiller diplomatique (Jean David Levitte) dont la compétence et l’autorité sont incontestées mais, en matière économique, l’équivalent fait défaut, la consultation de quelque « think tank » ne comble pas la faille. Pourtant, la France dispose d’économistes de renom, mais, à l’instar des chercheurs, ils exercent leur talent ailleurs : DSK au FMI, Pascal Lamy à l’OMS, Jean Claude Trichet à la BCE…
Comme le révèle une comparaison France-USA ; ici, trop souvent, l’entreprise relève d’un chef, d un créateur isolé, à la tête de « Mon Ego et Moi SA » ; là-bas, l’entreprise est plutôt une œuvre collective, un travail d’équipe, une synergie d’expertises ; d’un côté, une faiblesse qui se débat ! de l’autre côté, une force qui va !
Cette anomalie en haut (carence d’une politique suivie au service de l’entreprise), cette maladie en bas (inconscience quant à la réalité de l’entreprise) minent et figent l’économie :
- seulement 40% des 100 premières entreprises américaines existaient il y a 30 ans, contre 90% des 100 premières entreprises françaises
-à ce jour, 10.000 entreprises de 500 salariés manquent à la France pour avoir un taux d’emploi salutaire (70%) au lieu d’un taux d’emploi mortifère (60%).
Or, pour amoindrir la crise, recourir à des investissements publics, maintenir une protection sociale, soutenir la consommation s’avèrent, certes, nécessaires mais pour en sortir et bâtir, il faut, dans la durée, une ligne politique susceptible de motiver, de magnifier les entrepreneurs qui engagent leurs deniers, qui assument leurs dettes, qui recrutent du personnel… Selon Alain Juppé, « l’économie, c’est 80 % de confiance » Soit mais, elle ne se décrète pas, elle se mérite, elle se diffuse !
Ainsi, avant la crise, l’économie était déjà mal en point et plutôt qu’un V ou un W (chute-rebond unique ou multiple) l’après-crise devrait épouser la forme d’un L (effondrement puis reprise lente et graduelle). C’est dans cette économie malmenée, perturbée et endettée que le Libéral doit choisir son statut pour émerger et prospérer, flairer son destin pour emprunter, d’emblée, le bon chemin :
-L’Auto-Entrepreneur est tout sauf un entrepreneur, c’est un auto-employeur (self-employed), avec un titre flatteur, usurpé, galvaudé mais sans droit social « standard » ; cette faculté convient parfaitement pour ne pas entreprendre mais pour percevoir une rémunération d’appoint, marginale ou provisoire en sus d’un revenu stable ; cette solution peut séduire le fonctionnaire, le retraité, le chômeur pour la rétribution de quelques éventuelles prestations ; cette formule, sans charge fixe, est idéale pour cumuler ou se limiter, sauf rarissime exception, elle n’est pas la porte d’entrée de l’entreprise libérale, l’illumination avant la désillusion est à craindre ; de création récente, à durée incertaine, son succès est le reflet de la complexité ambiante, de la paupérisation rampante, de la précarisation croissante.
- L’Entrepreneur Libéral est le travailleur indépendant qui a recours au régime bien rodé, bien identifié des Bénéfices Non Commerciaux (BNC), les charges fixes peuvent être contrôlées, les frais de fonctionnement peuvent être réduits, un outil de travail peut être construit et partagé (SCM), une clientèle peut être développée, un patrimoine peut être constitué, le conjoint peut être intégré, l’autonomie peut être garantie, bien sûr la responsabilité est infinie, et la maladie est interdite, mais ce statut permet de traverser et de prolonger une vie professionnelle dans la mesure où l’on s’y consacre pleinement.
- La Société (SCP au BNC, SEL à l’IS…) est une construction à envisager, avec circonspection et raison : atténuer une responsabilité, associer un conjoint, agréger des compétences, augmenter une capacité de financière, partager un investissement ou des charges, amplifier une offre commerciale, éviter une solitude, faciliter une transmission… bref, si le mobile n’est que fiscal ou personnel, la Société ne convient pas ; au-delà de ses frais de fonctionnement, la Société ne se justifie que si elle est le support d’une équipe soudée par un affectio societatis fort, porteuse d’un projet substantiel et solide.
Toutefois, seul ou associé, créer une entreprise libérale revient, toute proportion gardée, à accoucher d’un enfant, donc, pour paraphraser Balzac, à offrir « un otage au malheur » mais c’est aussi la quête d’un bonheur, tout simplement la vie. Néanmoins, entreprendre ne doit jamais être une échappatoire face au désespoir, une velléité en dernier recours ; entreprendre exige d’avoir un esprit bien forgé, une santé d’acier, d’accepter une existence sans répit, sans filet, forcément avec des entraves, des embûches, peut-être avec des satisfactions assurément morales, éventuellement matérielles.

Pascal RIGAUD
Président Fondateur
Expert Comptable
Commissaire aux Comptes

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